Les protéines, principaux constituants de l’organisme

Les protéines sont constituées de chaînes de nombreux acides aminés différents, que l’on trouve chez les animaux et les plantes. Une protéine typique est constituée de 300 acides aminés ou plus.

Chaque combinaison d’acides aminés entre eux confère des propriétés chimiques spécifiques à la protéine formée.  Le corps de nos animaux, comme pour nous, est composé de milliers de protéines différentes. Elles sont les principaux constituants de l’organisme ! Elles constituent des composants structurels des cellules et tissus, ainsi que de nombreuses enzymes, hormones et protéines actives sécrétées par des cellules immunitaires. Ces protéines corporelles sont continuellement réparées et remplacées tout au long de notre vie.

Exemples de protéines (non exhaustif) :

Le collagène : protéine présente dans la peau, cartilages, tendons, ligaments et tissus conjonctifs.

L’élastine : protéine organisée en fibres qui confère l’élasticité et la solidité aux tissus.

La myosine : joue un rôle important dans la contraction des muscles.

L’hémoglobine : protéine du sang qui assure le transport de l’oxygène dans le corps et extrait le dioxyde de carbone des organes et des tissus.

Les immunoglobulines : protéines avec une grande variété de tâche mais notamment connus sous le nom d’anticorps dans le rôle de la défense immunitaire.

L’organisme a besoin de protéines alimentaires fournissant des acides aminés nécessaires pour la croissance et l’entretien de des cellules et tissus. Les besoins en protéines alimentaires changent tout au long de la vie et en fonction de l’espèce (chien ou chat).

Les acides aminés essentiels ne peuvent être produits par l’organisme (contrairement aux non essentiels). Il est donc important de le retrouver dans l’alimentation.

L’humain a besoin de trouver 9 acides aminés essentiels. Le chien en a besoin de 10 : la leucine, l’isoleucine, la valine, la lysine, la méthionine, la thréonine, le tryptophane, la phénylalanine, l’histidine et l’arginine. On rajoute chez le chat la taurine.

La taurine essentielle que pour le chat ?

La taurine est le 11ème acide aminé essentiel au chat, dérivé de la cystéine. C’est un acide aminé non protéinogène, ce qui signifie qu’elle ne contribue pas directement à la formation des protéines dans le corps. Au lieu de cela, elle a de nombreux autres rôles importants, tels que la régulation du calcium dans les cellules musculaires et la protection contre le stress oxydatif.  Elle est également présente en particulier dans les muscles, la rétine et le cerveau, où elle joue un rôle important dans la maturation du système nerveux. Elle agit également sur le système digestif et l’absorption des lipides. 

On trouve la taurine uniquement dans les protéines animales. Elle est indispensable au chat mais pas forcément au chien.

Pourquoi ?

C’est au niveau métabolique que le chat et le chien sont différents.

La synthèse de la taurine se réalise dans le foie à partir d’acides aminés soufrés (méthionine, cystéine). Les chiens ont la capacité de produire de la taurine grâce à l’action de d’enzymes, molécules qui facilitent les réactions chimiques (cystéine dioxygénase et acide cystéine sulfinique décarboxylase). Néanmoins, pour les chats, l’activité de ces enzymes est très faible, limitant sévèrement la synthèse de taurine.

On retrouve dans la bile des acides biliaires conjugués à des acides aminés : la taurine et la glycine. Cependant, chez le chat, la conjugaison avec la glycine est impossible. La demande en taurine sera donc plus importante puisqu’il ne pourra s’adapter en utilisant la glycine, contrairement au chien.

Néanmoins, certaines races sont plus sujettes à une carence en taurine et au développement d’une cardiomyopathie dilatée (maladie cardiaque) notamment chez les cockers américains et les goldens retrievers. La capacité des autres races de chiens à former de la taurine ne signifie pas nécessairement qu’elles n’ont pas besoin de taurine alimentaire, notamment avec une alimentation cuite, pour une santé optimale.

De nombreux facteurs jouent sur la biodisponibilité de la taurine, notamment la transformation des aliments.

Les réactions de Maillard, réaction chimique entre un sucre et un acide aminé dans des aliments chauffés, cuits ou stockés, provoque une diminution de la disponibilité de la taurine. Les fabricants d’aliments commerciaux rajoutent généralement de la taurine dans leur recette pour éviter les carences (si le fabricant est contentieux).

La taurine est également soluble dans l’eau. Spitze et al. ont montré que la quantité de taurine qui restait dans un ingrédient alimentaire après la cuisson dépendait de la méthode de préparation des aliments. Lorsqu’un ingrédient était constamment entouré d’eau pendant le processus de cuisson, comme lors de l’ébullition ou de l’arrosage, plus de taurine était perdue. Les méthodes de préparation des aliments qui minimisent la perte d’eau, comme la cuisson au four ou la friture, avaient des taux plus élevés de rétention de taurine. Il est donc important d’adapter la cuisson de la viande en conséquence dans des rations ménagères ou de toujours conserver le jus de viande pour du BARF.

Une carence en taurine induit une dégénérescence rétinienne, une cardiomyopathie, une altération de la fonction de l’immunité ainsi qu’une croissance et un développement anormaux.

L’AAFCO (L’Association of American Feed Control Officials) recommande des apports de 1000 mg de taurine/kg d’aliment pour les aliments secs et de 2000 mg/kg à 2500mg/kg pour les aliments humides.


« AAFCO DOG AND CAT FOOD », s. d.

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