L’apport calorique sous-estimé de la mastication

Les friandises et mastications, qu’elles soient données pour récompenser un bon comportement, divertir votre animal ou simplement lui faire plaisir, font souvent partie intégrante de la vie de nos compagnons à quatre pattes. Cependant, il est important de ne pas les négliger dans le calcul de l’apport calorique quotidien de votre animal, car elles peuvent avoir un impact significatif sur son poids et sa santé globale.

Nous n’arborerons ici que l’aspect nutritionnel et pas l’aspect sanitaire.

Pourquoi les friandises et mastications comptent-elles ?

  • Apport calorique non négligeable : Même les petites friandises peuvent contenir une quantité importante de calories, surtout si elles sont données en grande quantité ou à une fréquence élevée. Les mastications sont bien souvent plus importantes en termes de poids. Ces calories supplémentaires peuvent s’accumuler rapidement et contribuer à une prise de poids, voire à l’obésité, si elles ne sont pas compensées par une réduction de la portion de nourriture principale.
  • Déséquilibre nutritionnel : De nombreuses friandises caloriques, données en excès, perturbent l’équilibre nutritionnel de l’alimentation de votre animal et entraîner des carences en nutriments essentiels, des problèmes digestifs et d’autres problèmes de santé.
    Il est d’ailleurs recommandé que les friandises (ou tout autre aliment non complet) ne représentent pas plus de 10 % des besoins énergétiques quotidiens totaux de votre animal pour éviter tout risque de déséquilibre nutritionnel.

Cependant, les informations relatives aux calories ne sont actuellement pas requises sur les friandises pour animaux, et ne sont donc pas facilement accessibles aux propriétaires d’animaux.

Il existe peu d’études sur les valeurs nutritionnelles des mastications naturelles. J’ai cependant trouvé une étude sur les nerfs de bœuf, dont les propriétaires de chiens sont souvent adeptes.

L’étude sur des nerfs de boeuf (Freeman LM, et al., 2015)

Un échantillon de 26 friandises de nerf de boeuf ont été achetées dans des points de vente au détail aux États-Unis (n = 16) et au Canada (n = 10). Cinq bâtonnets à mâcher de 13 à 18 cm achetés aux États-Unis ont été sélectionnés au hasard et envoyés à un laboratoire pour une analyse de proximité.

La longueur totale, le diamètre et le poids de chaque bâtonnet ont été enregistrés, et les teneurs en protéines brutes, en matières grasses brutes, en fibres brutes, en humidité et en cendres ont été analysées. Les glucides non fibreux ont été calculés (100 – humidité – protéines brutes – matières grasses brutes – fibres brutes – cendres), et les kilocalories (kcal) par gramme ont été calculées en utilisant des facteurs Atwater modifiés (donc probablement sous-estimées à mon seul avis) sur la base de l’aliment tel qu’il est donné. Les kcal/g, le poids et la longueur, les kcal/friandise et les kcal/cm ont été calculés.

Les résultats :

  • La densité calorique moyenne des 5 bâtonnets à mâcher testés était de 3,01 kcal/g (allant de 2,96 à 3,07 kcal/g).
  • Sur la base de leur taille (longueur moyenne : 14,49 cm, diamètre moyen : 5,50 cm), la teneur calorique totale par friandise variait de 45 à 133 kcal, avec une moyenne de 88 kcal.
  • Par centimètre, la teneur en calories variait de 9 à 22 kcal, avec une moyenne de 15 kcal/cm.

Qu’est-ce que ça donne pour un chien (ou même un chat) ?

Quelques exemples si l’on considère la moyenne pour un bâtonnet de 15 cm (soit 90 kcal) :

Pour un chien moyen de 20 kg, castré et modérément actif, un bâtonnet par jour équivaudrait à environ 10 % de ses besoins quotidiens en calories, la limite recommandée.

Pour un plus petit chien de 8 kg, castré et moyennement actif, un bâtonnet équivaudrait à 20% de ses besoins… au-delà de la limite recommandée.

Pour un chat européen de poids moyen 4 kg, castré, avec peu d’exercice / sorties extérieures, ce bâtonnet représente 45% des besoins, soit presque la moitié !

Plus un animal est petit, plus le risque d’excès est grand.

Comment gérer les friandises de manière responsable ?

  • Intégrez les friandises dans la ration alimentaire quotidienne : Comptez les calories des friandises que vous donnez à votre animal sans dépasser la limite recommandée, et réduisez en conséquence la portion de sa nourriture principale. Cela permet de maintenir un apport calorique total équilibré et adapté à ses besoins.
  • Privilégiez des friandises faibles en calories : Difficiles avec certains chiens, mais des mastications comme les bois d’olivier, bois de cerf, cornes, ou encore des carottes crues, sont des sources de mastications moins énergétiques.

En prenant en compte les friandises dans la ration alimentaire de votre chien et en adoptant une approche responsable, vous contribuez à son bien-être et à sa santé à long terme. N’oubliez pas que l’objectif est de trouver un équilibre entre plaisir et alimentation saine pour que votre compagnon à quatre pattes puisse profiter pleinement de sa vie.


Source :

Freeman LM, Janecko N, Weese JS. Nutritional and microbial analysis of bully sticks and survey of opinions about pet treats. Can Vet J. 2013 Jan;54(1):50-4. Erratum in: Can Vet J. 2015 May;56(5):520. PMID: 23814301; PMCID: PMC3524813.